Benjamin Sabatier (version française)

Posted: December 14th, 2009 | Author: | Filed under: interviews | Tags: , , | 1 Comment »

Au Point Ephémère, à Paris, se tenait récemment l’exposition Manifeste, une proposition de Benjamin Sabatier.
La salle d’exposition était visible depuis l’extérieur par une grande vitrine. Le long d’un des murs, on avait disposé des pancartes blanches sur lesquelles des messages étaient projetés. Ces messages avaient été récupérés dans diverses toilettes publiques de la ville et la bande sonore de l’écoulement continu d’une chasse d’eau emplissait l’espace.
Les pancartes, qui sont traditionnellement utilisées dans la sphère publique pour exprimer des revendications lors de manifestations, recueillaient ici une série de messages anonymes laissés dans un espace intime. Les panneaux sont envisagés par l’artiste comme des écrans de projection, accueillant une parole collective décalée et non dénuée d’humour.

manifeste4

Vue de l’exposition Manifeste, du 13 novembre au 08 décembre 2009 au Point Ephémère

Benjamin Sabatier en conversation avec Adeline Wessang

Parcours ?
J’ai étudié à l’université de Rennes 2, j’ai obtenu un DEA et une agrégation en Arts Plastiques, ce qui me permet d’être également enseignant. J’enseigne à Paris I Panthéon-Sorbonne et où je fais partie du CERAP (Centre d’Etudes et de Recherches en Arts Plastiques).

DIY ?
Que mon travail soit accessible est une chose très importante pour moi. Cela fait partie de ce que j’appelle “l’esthétique du spectateur”. On peut dire que celui-ci se trouve, face à mes oeuvres, en terrain connu. Il est confronté à des choses qu’il connait bien, qu’il côtoie régulièrement mais dans des postures et des associations qui posent un certain nombre de questions.
L’art c’est pour moi une retranscription du réel, qui médiatise une manière de voir le monde. L’art est par là un accès singulier au réel. Le fait de partir d’un réel commun – que ce soit des matériaux, des objets ou des procédures, que tout un chacun est censé connaître et reconnaître- et de le réemployer afin d’en révéler certains aspects est une manière d’intégrer le spectateur comme l’une des modalités de l’oeuvre.
Que mes oeuvres soient dans l’ensemble “reproductibles”, c’est aussi une “manière de faire”, proche de ce que l’on appelle le “Do It Yourself”. D’ailleurs certaines de mes oeuvres intègrent totalement cette reproductibilité et se présentent sous forme de kits. Mais le plus souvent les oeuvres semblent “re-productibles” car elles sont facilement modélisables.

7728Rondin Les 3 Suisses II, 2004
catalogue de vente par correspondance et demi rondin de bois, hauteur : 25 cm, diamètre : 41,7 cm
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont

Le spectateur peut ainsi dire “moi aussi je peux le faire”, et il aura tout à fait raison.
Le DIY qui peut être traduit en français par “bricolage”,  n’est pas seulement pour moi, une activité à laquelle on s’adonne le dimanche. C’est plutôt un véritable mode de pensée, qui se réfère aux utopies Hippies des années soixante, dont toute la contre-culture des décennies suivantes est issue. En Français, la traduction littérale de DIY : Faites-le vous-même est plus porteuse que celles de simple bricolage ou système D.
C’est aussi une manière de faire “hand made” pourrait-on dire, qui est un moyen de retrouver une autonomie, une certaine “manualité”, face au réel contemporain, d’avoir prise sur lui.
Je pense ici au Whole Earth catalog, sous-titré Access to tools dont la première édition date de 1968. Ce catalogue de vente par correspondance, le premier du genre, inventé par Stewart Brand, est devenu très vite la bible de la contre-culture aux Etats-Unis.
Le catalogue n’est pas seulement un réservoir d’outils, il est aussi rempli d’idées visionnaires. On y trouve des articles sur la préservation de la planète, l’agriculture bio, l’autosuffisance, l’auto éducation, la coopération…
La philosophie du DIY est une pensée en devenir. C’est en premier lieu un moyen de réduire les coûts mais c’est aussi un moyen de proposer une alternative à la production de masse. Ce n’est pas un hasard si elle fait un retour en force outre Atlantique. Elle est considérée comme une réaction aux excès de la société de consommation et ses effets dévastateurs sur la planète mais elle est surtout en période de crise une stratégie de survie.

IBK ?
Je cherchais à produire une oeuvre qui impliquait le spectateur, qu’il puisse s’investir réellement dans la fabrication. C’était également un moyen de lui déléguer une partie de l’oeuvre (encore le concept du DIY). Dans un premier temps j’ai créé une forme picturale décorative avec des punaises plantées directement au mur. Je me suis ensuite demandé par quels moyens je pourrai diffuser cette oeuvre réalisée in situ. J’ai donc proposé cette oeuvre en kit. Ce système de reproduction m’a intéressé très vite davantage que l’objet produit lui-même. Je me suis inspiré du mode de fonctionnement d’une entreprise telle que IKEA, en éditant des systèmes de montage multilingues, en créant des outils conçus pour faciliter le montage. Chaque objet est diffusé par série de trois. Un objet édité en deux exemplaires, c’est l’oeuvre et sa reproduction. A partir de trois, je dirais que c’est une pratique proche de l’édition, avec le concept de produit.
Le Kit interroge le statut de l’oeuvre d’art en tant que marchandise ainsi que le fonctionnement contemporain de la consommation et des stratégies marketing afférantes.

7557

Installation de présentation du Kit
punaises, boîte en carton, manuel de montage, patron et outils
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont


J’ai ensuite créé un logo : IBK (International Benjamin’s Kit). Le nom m’est venu assez naturellement, en référence à IKEA donc, et également à Yves Klein et à son IKB (International Klein Blue). Il est, pour moi, l’un des premiers artistes qui pose d’une manière pertinente la question de la valeur marchande de l’oeuvre d’art; rappelons cette exposition qui a lieu à la Galerie Apollinaire à Milan en 1957, pour laquelle il présentait onze monochromes bleus de taille identique à des prix différents. Selon lui, les toiles n’étaient pas exactement les mêmes, car appréciées de manière différente par le public. Le prix fait partie intégrante de l’oeuvre.
Bien évidemment, le choix du nom est aussi une référence à Walter Benjamin, dont le nom se confond avec mon prénom.
Plus qu’une marque, IBK est avant tout un concept, une sorte de vision, que je rapproche du concept de DIY.
IBK est devenu aussi une structure de production qui permet de travailler collectivement sur différents projets.

L’artiste entrepreneur ?
Depuis quelques années, on a tendance à me ranger dans la catégorie de l’artiste entrepreneur. S’il est vrai que j’ai un regard particulier sur la question de l’économie et de l’entreprise, je ne suis pas un entrepreneur à proprement parler, comme peuvent l’être certains méga-artistes contemporains, tels Jeff Koons ou Takashi Murakami. IBK n’est pas une entreprise, dans le sens où on l’entend dans la réalité sociale et économique, c’est davantage un concept, ou une oeuvre à part entière. Mais dans la mesure où IBK adopte certains codes de l’entreprise et les met en jeux il est facile de le réduire à un questionnement sur celle-ci.
Mon but à travers cela n’est surtout pas de rejouer, une énième fois, au chef d’entreprise ni de mimer le fonctionnement des structures économiques actuelles. Je ne suis pas dans la mimésis, copier ou représenter la réalité ne m’intéresse pas.
Je tiens aussi à dire que je n’ai aucune fascination pour cet univers. Il m’intéresse simplement par le fait qu’il est aujourd’hui une figure incontournable qui structure l’individu dans la société.

Performances ?
Tout mon travail s’intéresse au rapport au corps et par là même, d’un geste à une matière ou à des matériaux.  Cette confrontation ou cette association amenant à la production de formes. L’idée de l’apprentissage n’est pas étrangère et je pourrais dire qu’à chaque fois que je m’attelle à une nouvelle oeuvre, je me lance une sorte de défi. Et il en sort toujours une connaissance, qui peut être simplement pratique mais souvent s’avère critique. Là encore, le DIY n’est pas loin.
Porter des rochers, empiler les rouleaux de scotch, planter des clous, des punaises, tailler des crayons… Les gestes répétitifs sont présents dans tous mes projets… et ce n’est pas une surprise si la performance est un medium particulier pour moi.

7588

The End, DIY 1388, 2008
marteau, clous, patron, manuel de montage et boîte en carton, 88 x 162 cm
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont

J’ai effectué une performance en 2008 lors d’une exposition au MAK de Vienne intitulée SUPERPARTYCYCLES. L’institution m’avait donné carte blanche.
Je souhaitais transformer momentanément cette institution qui est un ancien bunker de plusieurs étages en un lieu festif. Au dernier étage de celui-ci dans une immense salle vide, j’avais disposé une palette de 80 kg (mon propre poids) de feuilles de papier de différentes couleurs que je déchirais de manière continue, pour en faire des confettis.  Au bout d’un certain temps, des spectateurs m’ont imité et ont également commencé à s’attaquer aux blocs de feuilles en les déchirant. L’installation, et par là la performance, fonctionnait tant qu’il y avait des gens pour l’animer.
Par un geste destructeur vis-à-vis d’une matière sortie de l’usine, l’action s’est véritablement transformée en fête.
Bien avant la réalisation de la performance 35 Heures de travail (2002), présentée au Palais de Tokyo (ou je taillais entièrement et manuellement des crayons de papier pendant 35 heures), j’ai produit une série d’oeuvres à partir de crayons taillés ou épluchés entièrement. Chaque crayon était ensuite placé dans un sachet plastique sur lequel j’apposais une étiquette portant la marque du crayon ainsi que ses caractéristiques. Je replaçais ensuite le tout dans les rayons de supermarché, ce qui symbolisait la possibilité du consommateur d’acheter directement son crayon entièrement taillé. La marchandise pointait dans l’espace marchand son devenir de déchet. Ce qui pouvait déjà représenter pour le consommateur devenu spectateur le premier pas vers un regard critique envers la consommation de masse, envers ce qu’on peut lui vendre.
J’ai déposé une cinquantaine des ces sachets dans différents Super et Hyper.
Il faut ajouter que je n’ai jamais vu un consommateur s’arrêter devant mes sachets, je n’ai jamais attendu pour voir les réactions… Mais je ne suis pas sûr que cela soit vraiment important.
En fait, cette expérience était ma première véritable performance… On peut associer cela à une sorte d’actionnisme, comme lorsque l’on parle d’actionnisme politique.
Réintégrer des objets ou des produits dans un cycle de consommation ou redonner une seconde vie aux objets m’intéresse. Je pense ici au titre d’un ouvrage écrit par Paul Auster : Le Voyage d’Anna Blume (1989). Les principaux personnages, des chiffonniers, survivent au sein d’une société anéantie en ramassant des déchets. Ce n’est pas l’ouvrage qui m’intéressait particulièrement, mais davantage son titre, qui est une référence directe à Kurt Schwitters et son recueil de poèmes et collages : An Anna Blume (1919). Cela marque le début de ma réflexion sur la question de la marchandise et de l’emballage, que j’ai poursuivi avec les œuvres en kit.

Objets ?
J’ai collecté une série d’emballages trouvés dans la rue qui avaient la particularité d’être écrasés (Etalage, 2004). Ces objets aplatis me sont apparus comme des images de la marchandisation, des représentations de celle-ci.
Ils n’étaient plus des objets à proprement parler, ils avaient perdu leur forme et leur fonction. Ils étaient devenus des images bidimensionnelles, des tâches colorées sur le sol. J’ai ensuite intégré ces divers emballages dans des blocs de plâtre afin de leur donner un aspect “commercialisable”, comme des briques ou des boîtes. Pour pouvoir notamment les réintégrer à un circuit marchand. Je les ai d’ailleurs exposé superposés les uns aux autres sur des palettes de transport comme de simples marchandises à consommer.
Dans une série suivante, j’ai acheté une importante quantité d’objets vendus sous blister en magasin. Le blister est la coque thermoformée qui emballe l’objet afin de le protéger. Il en épouse grossièrement la forme et permet de voir l’objet car il est généralement transparent. J’utilise ces blisters comme moules et j’y coule du ciment. J’ai notamment réalisé une série d’Action man. Cela s’inscrit bien évidemment dans ce questionnement sur l’emballage, la boîte, le transport et de manière plus générale, la marchandisation du monde et de l’art.

7691

Action man I, 2007
série Blisters, ciment, 30 x 22,5 x 10 cm
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont

Je m’intéresse également aux matériaux de récupération. Il y a quelques années, je conservais les catalogues de vente par correspondance tels que La Redoute, 3 Suisses etc. que je recyclais en œuvres. Je les collectai au départ principalement  parce qu’ils ont une durée de vie très courte et sont par cela, disponibles rapidement en grand nombre. Ce qui est souvent la première chose qui attire mon attention sur une classe d’objets : il faut que la matière première soit disponible facilement et en grande quantité.
Des assemblages de bacs à glaçons servaient à contenir des pages de ces catalogues, à raison d’une feuille par compartiment. Il s’agissait ici d’évoquer, par un même geste, l’idée d’une conservation à court terme qui affichait sous un aspect pictural, le travail publicitaire des graphistes selon les différentes saisons : automne-hiver, printemps-été, caractéristiques de ces catalogues de VPC.
Cette idée d’utiliser des catalogues de vente par correspondance n’était d’ailleurs pas sans rapport référentiel au Whole Earth Catalog.

7615

Bacs 019, 2005
série Bacs, bacs à glaçons, papier et bois, 95 x 95 cm
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont

Packaging ?
Oui l’emballage est un terme qui revient beaucoup dans mon travail : les sachets, les blisters, les kits…
La boîte est d’ailleurs une figure incontournable de l’histoire de l’art du XXe siècle.
Je pense à la Boîte en Valise de Duchamp, mais aussi à Warhol et ses Brillo Boxes, à Manzoni qui utilise des boîtes de conserve, Judd, Arman, Raynaud…  Enfin il serait intéressant d’écrire un livre à ce sujet.
Je continue de travailler et de questionner cette notion de packaging. Cette boîte qui protège et doit informer sur ce qu’elle contient. Elle doit être fonctionnelle et informationnelle, et dans le même temps elle est un support publicitaire.
En ce moment je m’intéresse davantage à sa fonctionnalité; la boîte servant à faciliter le transport, à protéger et à stocker les marchandises qu’elle contient.
Sur une série de rochers (Prises, 2008), j’ai fixé des prises d’escalade, ces mêmes prises colorées qui servent normalement à porter le corps sur le mur d’entrainement. Le rapport au corps est donc détourné puisqu’ici, ce sont ces prises qui permettent de transporter l’objet. Je voulais associer à ces rochers une certaine ergonomie. Comme si l’oeuvre d’art intégrait, à ses possibles transports et déplacements, des questions très pragmatiques, comme lorsque l’on doit déménager son frigo.
Il prolonge quelque part tout un pan de l’histoire de l’oeuvre d’art qui influencerait la forme de l’oeuvre. La création du tableau de chevalet, par exemple, qui a permis de faciliter le transport et les transactions des images peintes, est une manifestation matérielle forte des relations qu’entretiennent l’oeuvre d’art et la marchandise. Dans cette perspective, l’art aurait tout à voir avec le capitalisme marchand et son fonctionnement.

Journée type ?
Je passe beaucoup de temps sur l’ordinateur, pour communiquer, c’est-à-dire envoyer des mails, m’informer. Le réseau est très important, j’ai pu être mis en contact avec des artistes qui sont à l’étranger par exemple. Je peux également développer des projets à distance, en envoyant un patron par e-mail et l’oeuvre peut ainsi être réalisée sans que je me déplace. Cela me permet de multiplier les projets sans avoir à être présent physiquement. J’aime beaucoup cette idée de diffusion qui permet véritablement le don d’ubiquité.
Je dessine énormément. J’ai un panneau dans mon atelier qui me permet d’afficher tous mes croquis, mes notes prises lors de mes lectures, des projets d’exposition. J’accumule ces dessins, qui expriment des idées, qui sont parfois abandonnées pour un temps, avant que j’y revienne pour décider leur réalisation concrète. A part certains projets particuliers qui n’ont pas besoin de lieu particulier pour s’actualiser,  je ne réalise pratiquement plus rien dans le vide. C’est seulement quand la proposition d’exposition est concrète que les oeuvres se matérialisent et que je me permets de passer à la réalisation.
Ce qui revient à poser des questions toujours hautement pratiques, et non sans importance dans mon travail,  celles de l’accumulation et du stockage.

7596

Tableau n.3, 2008
feutre, crayon, papier punaisé et bois, 150 x 150 cm
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont

Projets ?
Je prépare actuellement une performance pour le Centre Pompidou qui se déroulera en février prochain.
J’ai aussi une exposition prévue à Cracovie en Pologne à la galerie Delicatessy pour 2010. Le nom de “Delicatessy” désigne normalement des magasins d’alimentation, de type charcuterie. Ce nom est donc lié au système marchand et m’intéresse particulièrement.
D’autre part, je suis actuellement en train de réfléchir à des projets utilisant la brique comme matériau principal. La brique présente des caractéristiques attrayantes : c’est un module, fabriqué pour épouser la forme de la main, on peut donc la manipuler facilement et la transporter. On revient là encore à la question du transport, mais surtout à une problématique plus générale qui est perceptible dans l’ensemble de ma production, c’est le rapport au corps, et à la main de manière plus spécifique. Je citerai en mot de conclusion l’essai de l’historien d’art Henri Focillon L’Eloge de la Main, paru en 1934.

Entretien réalisé en novembre 2009 à l’atelier de l’artiste.

J’entreprends cet éloge de la main comme on remplit un devoir d’amitié. Au moment où je commence à écrire, je vois les miennes qui sollicitent mon esprit, qui l’entraînent. Elles sont là, ces compagnes inlassables, qui, pendant tant d’années, ont fait leur besogne, l’une maintenant en place le papier, l’autre multipliant sur la page blanche ces petits signes pressés, sombres et actifs. Par elles l’homme prend contact avec la dureté de la pensée. Elles dégagent le bloc. Elles lui imposent une forme, un contour et, dans l’écriture même, un style.”
Henri Focillon, introduction à L’Eloge de la Main (1934).

Benjamin Sabatier est né en 1977.
Il vit et travaille à Paris.

IBK :
http://www.ibk.fr/

Galerie Jérôme de Noirmont, Paris :
http://www.denoirmont.com/

Ouvrages monographiques :
FRAGILE, Édition ville d’Issoire, 2008
S.A.V., Édition Galerie Jérôme de Noirmont, 2005 (épuisé)
Peinture en Kit, Édition Noirmont Prospect, 2003 (épuisé)

7687

IBK’s Scotch Tower V, 2007
rouleaux de scotch divers, béton et PVC, 241,5 x 17 cm
Courtesy de la Galerie Jérôme de Noirmont


Kiki Lamers

Posted: December 13th, 2009 | Author: | Filed under: art sur canapé: exhibition reviews | Tags: , , | No Comments »

gorilla

Gorilla, 2007, huile sur toile, 100 x 80 cm, Courtesy de la galerie Annet Gelink

Kiki Lamers est une artiste peintre et photographe néerlandaise.
Elle réunit souvent les deux médiums dans son œuvre, en peignant notamment à partir de diapositives projetées sur la toile. Les sujets sont souvent des grands portraits d’enfants représentés de manière réaliste. Elle travaille avec une couche de peinture épaisse (peinture à l’huile principalement) enrichie par différents pigments.
En 2000, alors qu’elle vivait en Auvergne, elle a fait l’objet d’une procédure judiciaire pour corruption de mineurs de moins de quinze ans après avoir pris des photographies de nus d’enfants dans des positions jugées provoquées, suggestives, lascives ou obscènes. Elle et son conjoint qui avaient déposé les photos à développer chez un professionnel, ont été condamnés à huit mois de prison ferme et 5 000 € d’amende en août 2004 par le tribunal de grande instance de Cusset (Allier). Le 2 février 2005, la condamnation a été confirmée, mais transformée en prison avec sursis par la cour d’appel de Riom pour laquelle l’alibi artistique invoqué est sans pertinence. L’artiste a annoncé sa volonté de se pourvoir en cassation.
La galeriste parisienne Ghislaine Hussenot, qui avait exposé les oeuvres de Kiki Lamers il y a deux ans, dénonce un procès “grotesque“, estimant qu’il n’y a “pas le moindre soupçon de pornographie dans son travail“.

girl4
Untitled, 2009, huile sur toile, 95 x 85 cm, Courtesy de la galerie Annet Gelink

Cette histoire n’est pas sans rappeler l’affaire Présumés Innocents, d’après le titre d’une exposition présentée au CAPC de Bordeaux en 2000. Les trois commissaires de ce projet ont été récemment renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, alors que le Procureur de la République avait requis un non-lieu en 2008. Il leur est reproché d’avoir montré un certain nombre d’oeuvres d’artistes contemporains jugées “choquantes” qui auraient pu être vues par des mineurs, ceci malgré tous les dispositifs d’avertissement soigneusement mis en place. Ce sont les oeuvres des artistes suivants qui ont été incriminées : Elke Krystufek, Gary Gross, Ines van Lamsweerde, Cindy Sherman, Nan Goldin, Ugo Rondinone, Marlene Dumas, Paul McCarthy, Carsten Höller, Robert Mapplethorpe, Eric Fischi, Mike Kelley, Matt Collishaw, Christian Boltanski, Cameron Jamie, Joseph Bourban, Wolfgang Tillmans. Au vu de la liste, force est de constater que ces oeuvres ont été montrées ou reproduites à de nombreuses reprises et qu’elles ne constituent en aucun cas un danger pour la jeunesse.

oeil1

Kiki Lamers expose actuellement et jusqu’au 24 janvier 2010 à l’Institut Néerlandais à Paris, dans le cadre du prix Jordaan-Van Heek 2010. Ce prix, qui est décerné tous les trois ans par un jury indépendant depuis 1996, récompense un artiste contemporain qui vit et travaille aux Pays-Bas.

Née à Nimegue, Pays-Bas.
Vit et travaille à Rotterdam.
Sort diplômée de l’Académie Nationale des Beaux-Arts d’Amsterdam en 1992.
Représentée par la galerie Annet Gelink, à Amsterdam.
http://www.annetgelink.nl/

Ouvrage
Anna Tilroe & Dan Cameron, Kiki Lamers: Tender Age, Artimo Foundation Breda, 2002