“I’d like to think the figures in my paintings remind the viewer of certain people or evoke memories rather than portray specific identities.”
Gideon Rubin mainly paints with oil on canvas. He confesses he had always produced portraits. But at some point, the way he did radically changed. Nowadays he is famous for his specific portraits without a face – as if somehow erased – which allows the viewer to picture some features, or not, in an open way. His work stands between abstract and figurative painting and it deals with the notion of identity. The background is usually neutral and the color palette shows light tones such as sand, grey-blue, eggshell, tones that are considered as ‘natural’. You can also see the brush strokes on the canvas. Once you have seen a Gideon Rubin’s painting, you immediately recognise his unique touch the next time you are confronted with a new one.
He is also an avid collector, purchasing objects, vintage magazines and photographs in flea markets, antics shops, even eBay… He owns an impressive collection of old pictures featuring anonymous people. These pictures depict memories that are not his but he uses them in order to initiate a larger interpretation with a lot of different stories. It is amazing to see how easy it is for the audience to project stories or memories just by looking at portraits where a few details are missing. How relevant this is now, at a time when our faces are masked. Once the features like the eyes, the nose and the mouth are removed, the character can be anybody.
Growing up, art was no stranger to him as his grandfather was famous Israeli painter Reuven Rubin who produced a lot of landscapes in the fashion of Cézanne. He previously studied in Paris at the renowned Ecole des Beaux-Arts and he was among the few ones in the family to have survived the Holocaust by escaping to Israel. In addition to this, Gideon’s mother worked as a curator in the Reuven Museum located in Tel Aviv.
Childhood is a recurring pattern in your work as you often start with photographs of children from the era of the late 19th century. It shows through the attitude of the characters in your paintings: they stand quite staid, which is quite unusual today. Does the childhood era represent memories in your opinion?
I guess it represents memories or perhaps some longing to an analog world that almost doesn’t exist anymore. As I stated previously, you pick and collect old portraits photographs.
How much your personal history influenced this practice and your work ultimately?
I mostly use anonymous images. People I don’t know, it creates a certain distance that gives room to free the narrative, I find this a much richer experience. But of course everything is personal… so I can imagine this obsession had quite a bit to do with the loss of families and family albums all those years ago.
Among the numerous portraits, there is one that drew my attention a long time ago: it is a gouache on a magazine depicting an Asian woman, her features are actually quite visible, which rarely happens in your work. I noticed another one on your instagram account, it is the portrait of your daughter Ellie. I was wondering why you chose to keep the features for both of them.
I have some paintings with features. I don’t see a difference anyway.
Could you review your work in a critical way?
Hmmm…. sometimes.
You sometimes make reference to Old Masters like Goya or contemporary artists such as Balthus and Richard Prince. I wonder what artists would you pick to be featured in your own hall of fame or museum of choice. In other words, what/who inspires you?
It’s a very long list of painters, poets, writers, musicians, filmmakers, visual history etc.. its a list too long to mention but it does update it self constantly. We live in an image based society, it could be just random. Latest editions – pianist Glenn Gould and Hertha Thiele (a German actress from the Weimar cinema).
What is a typical day of work?
Drop the girls at school and then studio until dinner time. Kind of boring but perfect.
Do you have a special routine when working?
Espresso in the morning is a must. And every other day – a run or tai chi before I start my day. Music all the time.
You work with oil painting which has been used for hundreds of years and stands as the greatest media because of its durability and the way it enlights colors. But it also implies a slow drying-time. How long does it take to make a painting?
I am prolific painter and generally work fast anything between about a day and a couple of weeks. Also work with gouache on cardboard for quick small paintings.
What are your current projects?
My solo show in Paris ‘A Stranger’s Hand’ at Galerie Karsten Greve ends in two weeks. In 2021 I have two solo shows opening early February at Fox Jensen galleries in Sydney and Auckland and one at Ryan Lee Gallery in New York in October.. and a few group shows planned for London, Seoul, Tel Aviv…
A l’occasion de sa deuxième exposition solo à la Galerie David Pluskwa, rencontre avec Luke Newton, jeune plasticien qui puise dans le quotidien pour créer des œuvres (d)étonnantes.
Small Dynamite 2/9
Parmi les pièces présentées dans l’exposition, on remarque immédiatement les crânes aux couleurs vives, qui s’inscrivent dans une longue tradition de l’Histoire de l’art : les vanités. Ce sont en général des peintures ou des sculptures représentant la mort avec un crâne humain et pouvant mettre en scène diverses activités. C’est assez frappant avec la série des Skulls réalisés à partir de collages sur carton. J’ai développé cette série pendant le premier confinement. Le choix des couleurs donne une identité propre à chaque assemblage. A vrai dire, je n’ai pas cherché à faire écho aux vanités au sens propre du terme : la série n’est pas une réflexion sur le caractère éphémère de la vie ou encore la Mort envisagée comme finalité inéluctable. J’ai plutôt utilisé le crâne comme symbole de l’humanité en me posant cette question : “Qu’est-ce qui caractérise l’humain ?” C’est la capacité à créer, produire, et… consommer ! Notre consommation quotidienne permet de nous identifier, on laisse une empreinte en quelque sorte. Il y a cette fameuse phrase en anglais “You are what you eat” : on est ce qu’on mange.
Skull 7/8
Vous avez étudié à la prestigieuse école d’art Saint Martins School à Londres, la presse vous qualifie de “Young British Artist”. Est-ce que vous vous sentez une filiation avec ces artistes qui ont apporté un nouveau souffle à la scène artistique britannique au tournant des années 80 et 90 ? Bien sûr, ils ont été très influents et le sont toujours d’ailleurs. Et comme vous l’avez mentionné, j’ai reçu un enseignement artistique à Saint Martins avec des cours d’Histoire de l’art. J’aime aussi l’Antiquité donc toutes ces influences se retrouvent dans mon travail. Ça fait dix ans que je vis en France mais je me sens toujours Anglais, bien sûr ! Je porte un regard sur la société qui m’est propre, avec ma culture, mes références.
Nous sommes dans l’exposition qui vous est consacrée à la Galerie Pluskwa à Marseille. Comment la rencontre a-t-elle eu lieu ? Je connais David depuis dix ans. J’ai travaillé auparavant pendant pas mal d’années avec JonOne, qui est également représenté par la galerie. David m’a offert l’opportunité de présenter mon travail il y a six ans à l’occasion d’une première exposition solo.
Oops!
Et vous avez choisi de vivre en France. Oui depuis dix ans. Je vis entre Paris et Roubaix qui me rappelle mes origines, le Nord de l’Angleterre avec ses villes industrielles. Je trouve une chaleur humaine là-bas qui est incroyable. Et puis Paris bien sûr, qui m’apporte beaucoup, tant sur le plan professionnel que personnel.
A quoi ressemble une journée type de travail ? Pour moi une journée type c’est le travail (rires). Je travaille tout le temps, même si je ne suis pas en production. Je suis toujours en train de réfléchir ou de faire le tri parmi mes idées. En ce qui concerne la production, je procède de manière très mécanique, un peu comme dans une usine. Il s’agit de capitaliser mon temps avec un procédé qui me permet de créer des objets de qualité dans un laps de temps le plus court possible. C’est parce que j’ai beaucoup d’idées dans ma tête ! Avec des œuvres déjà quasiment réalisées de toutes pièces, j’ai envie de parvenir à les matérialiser.
Votre travail a une portée universelle car quiconque peut y reconnaître les formes ou les objets utilisés. Il n’est pas nécessaire d’avoir une culture en Histoire de l’art par exemple. Effectivement c’est mon but. J’ai en quelque sorte trois chapitres de création, le premier c’est la liberté – c’est-à-dire la liberté de créer ce que j’ai en tête en expérimentant avec des techniques différentes. Le second c’est l’école d’art avec le conceptualisme. On nous incite à réfléchir, souvent trop d’ailleurs, et trouver un concept pertinent. Et enfin le troisième chapitre c’est ce que je vis maintenant : articuler les deux en créant des pièces accessibles tout en étant conceptuelles.
Glock 2/10
En voyant la série des armes à feu réalisées à partir de crayons de couleur, on pense forcément au dessin de l’illustratrice Lucille Clerc largement relayé sur les réseaux sociaux suite aux attentats de Charlie Hebdo. Au-delà du contexte politique que je viens d’évoquer, comment vous est venue l’idée d’utiliser le crayon comme matériau ? J’avais réalisé auparavant une petite série avec les silhouettes des armes les plus vendues à échelle mondiale. La seule chose qui changeait, c’était la couleur. Elle est devenue un produit de consommation à part entière car on peut choisir son téléphone en jaune ou en rouge par exemple. Mais c’est toujours le même produit en fin de compte. On associe le crayon de couleur au coloriage des enfants, c’est un outil de création à priori, et non la création en elle-même. Et il y aussi un clin d’œil au ready-made de Marcel Duchamp car j’utilise un objet existant pour réaliser une œuvre. Disons que les attentats m’ont donné l’impulsion pour concrétiser cette association armes-crayons et réaliser une série en collaboration avec la Galerie David Pluskwa. Les profits réalisés lors de la vente aux enchères ont été reversés aux familles des victimes des attentats. Aujourd’hui, je poursuis cette série parce que cet objet est devenu essentiellement le symbole de notre liberté d’expression. Et j’aime toujours le contraste engendré entre le crayon de couleur et les armes et les symboles que ces objets véhiculent.
Happy Valentine’s 1/6
La série des sculptures Happy Valentine’s peut faire écho à la fois à la quête des like sur les réseaux sociaux, ou en tout cas l’approbation au sens large. Quel rapport entretenez-vous avec les réseaux sociaux ? Initialement, les réseaux sociaux étaient censés faciliter les contacts entre les gens, mais cela a dévié peu à peu vers une approche plus égocentrée. La symbolique du coeur est ambivalente car elle peut engendrer une addiction. Je ne juge pas, j’essaie d’exprimer cette contradiction avec la série. En ce qui me concerne, je me sers des réseaux sociaux pour faire la promotion de mon travail. Je les utilise comme un outil de communication, un peu comme si Luke Newton était une marque.